• Auteur(s): Claude Donnay
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 256 pages
  • ISBN: 978-2-807004-25-2
  • Parution: Février 2024
  • Prix: 22 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Dans la taïga, Ozane Sorokin tombe nez à nez avec un ours. La peur lui fait perdre conscience. Lorsqu’elle revient à elle, c’est une inconnue qui émerge peu à peu, une jeune Belge de vingt ans, Blanche, résistante arrêtée par l’occupant nazi. Ozane pourra-t-elle concilier celle qu’elle imagine être avec les fantômes qui depuis si longtemps hantent son amnésie ?
Entre la vallée mosane, les rives du lac Baïkal et les camps de la mort, Ozane-Blanche pose la question de l’identité quand le destin a bouleversé les cartes.

Extrait

J’étais dans le bois sous la colline, je ne l’ai pas entendu, je me suis retournée et il était là. J’ai hurlé en reculant mais suis tombée sur le dos. L’ours, un mâle à peine sorti de son hibernation, maigre et affamé, avançait à petits pas, en grognant. Tétanisée, j’ai pensé : « OK, ma fille, c’est ton tour… Tu vas mourir sous les griffes d’un ours… » Je ne sais plus si je pensais ça, non, sûrement pas, la peur déconnecte le cerveau, la machine s’emballe. J’ai battu des bras pour m’extirper de la neige, basculé sur les genoux, et il s’est arrêté. Il grognait de plus en plus fort et d’un coup il s’est mis debout. La peur a perforé mon crâne comme une chignole la couche de glace. J’ai entendu quelque chose se déchirer dans ma tête. Un bruit de papier. J’ai fermé les yeux, appelé Ilya, mais son visage avait volé en éclats, je ne voyais plus qu’une ombre. J’ai hurlé de tout mon corps. Que sa patte m’arrache la tête, que tout soit vite terminé…
[…]
Ça ne devait pas arriver et c’est arrivé.
Une nuit tiède coincée entre deux jours de soleil. Je n’ai pas entendu les moteurs, seulement les claquements des portières et les poings sur le bois de la porte. Ils ont bousculé maman, renversé la table. J’étais déjà debout devant mon lit, en chemise de nuit, les cheveux défaits, une boule de feu dans la gorge.
C’est arrivé, j’ai pensé. Non, ça ne devait pas arriver, mais c’est arrivé.
Ça hurlait de la cave au grenier. Des aboiements de chiens furieux. Mon frère à demi habillé poussé dans l’escalier. Et « elle », la Frison, dans ma chambre, tailleur sombre, chapeau cerclé de rouge, une odeur de tabac blond et de parfum lourd. Calme, sereine, contraste irréel avec l’ouragan qui dévastait la maison.
– Habille-toi, tu as deux minutes !…