• Auteur(s): Andrés Sánchez Robayna
  • Éditeur: Le Taillis Pré
  • Genre: Poésie
  • Péritexte: Traduit de l’espagnol et postfacé par Claude Le Bigot. Édition bilingue
  • Format: 14.5 x 20.5 cm
  • Nombre de pages: 117 pages
  • ISBN: 978-2-87450-188-3
  • Parution: Décembre 2021
  • Prix: 15 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Tondeur (Belgique). Pollen (France).

La lecture de ce nouveau recueil confirme une idée déjà ancienne chez l’auteur à propos des pouvoirs du langage poétique dans ses rapports avec le temps. Il s’agit d’une question fondamentale, car elle sous-tend la problématique de la consolation qui est à l’œuvre dans ce livre et qui rapproche le poète de la pensée religieuse, ou à tout le moins, met au premier plan la valeur de l’Esprit qui habite toute conception de l’art. On a souvent dit que l’art tend à éterniser ce qui passe ; de là à dire que l’art console, il n’y a qu’un pas que Andrés Sánchez Robayna se garde de franchir et il établit même une distinction entre l’objet de sa passion, qui a cessé d’être, et la distance que permet l’art face à la passion ordinaire. Cette distance entre l’imaginaire et le concret est féconde puisqu’elle ouvre la possibilité de dégager du réel une forme et une essence. Bien qu’il s’agisse d’une position idéaliste, Andrés Sánchez Robayna adhère à l’idée que la médiation esthétique n’enferme pas dans l’illusoire. La douleur subsiste pour l’homme à côté de la consolation esthétique.
[…]
Plutôt qu’un dépassement des contraires (vie/mort, souffrance/espérance, connaissance/ignorance), on assistera chez Robayna à un équilibre des contradictions ; la « sagesse de l’amour », dont on peut dire qu’elle revient à poser autrement la question du salut, assure cet équilibre où le sentir et le faire trouvent leur unité (l’Un). Serait-ce une vertu de l’écriture ou du poème qui allie mémoire et imagination, que de rendre compatibles l’amour et le détachement ? La lecture de Par la vaste mer nous apprend qu’il n’y a pas de bonheur en dehors d’un être qui vit dans le temps, qu’il n’y a pas de plénitude en dehors de l’équilibre des contraires, que la possibilité d’une « tension tranquille» selon les mots de Jaccottet n’est plus aussi énigmatique.
— Extrait de la postface de Claude Le Bigot

Extrait

Je regarde le soleil dans les eaux qui scintillent,
l’écume diluée dans l’étendue de l’azur,
les circonvolutions des nuages d’automne,
la mer d’où nous venons et où nous retournerons.
La mouette solaire traverse l’après-midi,
fend l’air vagabond, le ciel engourdi.
Et mon regard aveugle l’accompagne,
sous la voûte du ciel, par la vaste mer du temps.