La moindre photo, si on ose la regarder franchement, déplace toutes nos attentes. Elle mobilise les couches de notre fonctionnement cérébral les plus profondes, tout comme elle invite à des considérations anthropologiques et cosmologiques radicales. C’est sans doute, remarque l’auteur, pourquoi depuis un siècle et demi qu’existe la photographie, les philosophes se sont curieusement tus à son égard, ayant sans doute pressenti à quel point elle ébranlait leur discours prestigieux.
Henri Van Lier (1921-2009) a publié dans les années 1980 deux ouvrages de réflexion sur la photographie, aussi importants que La Chambre claire de Roland Barthes ou Sur la Photographie de Susan Sontag. Ces deux volumes, Philosophie de la photographie et Histoire photographique de la photographie, ont été repris aux Impressions Nouvelles. Mais Van Lier écrivit aussi sur les médias, les arts de l’espace, la sexualité et mille autres sujets. Il anima sur France Culture plusieurs séries d’émissions marquantes sur les langues et la littérature. Puis, en correspondance avec des scientifiques du monde entier, il consacra toute son énergie à sa monumentale Anthropogénie.