Quelqu’un, quelqu’une (sait-on jamais, quand la détresse fait son œuvre) s’en va, longeant la voie ferrée qui pourfend la tempête. Une course, une traversée, un temps mort-vivant. Et la halte bienvenue, là où personne n’a lieu.
Au départ d’un fait réel, la rencontre lumineuse d’une errante d’aujourd’hui, Françoise Lison-Leroy a construit un récit poétique qui court vers une autre présence. Une voie ferrée, un petit bois, la vie sauvage… et cet autel de campagne, dédié à un accidenté de la route.
Ce texte, entre récit et poésie, raconte l’histoire qui naît lorsque le réel éclate et qu’une fuite en avant le remplace, quand le chagrin prend le dessus sur la vie. Il raconte un homme, ou une femme, qui vit de vide et du bruit du train, s’installe dans un petit bois, là où un jeune père est mort d’un accident de la route ; deux histoires bien réelles se croisent. C’est à la lecture des traces de bords de chemin – abris de fortune, cartons empilés, petit bouquet ou photo jaunie… – que ces vies brisées se révèlent. Ces traces ne parlent pas toujours aux vies pressées, il faut l’œil du poète pour les lire et les comprendre.
Françoise Lison-Leroy construit son récit de ces histoires glanées, elle en fait un « moment en mots » En parallèle, les dessins d’Anne Leloup glanent le temps qui passe : ombre portée, brindilles, traces… de ce qui se passe au ras du sol, que l’on choisit de voir ou de piétiner.