• Auteur(s): Claude Donnay
  • Éditeur: Le Coudrier
  • Genre: Poésie
  • Péritexte: Illustrations de Catherine Berael. Préface de Jean-Michel Aubevert
  • Format: 14 x 20 cm
  • Nombre de pages: 80 pages
  • ISBN: 978-2-930498-64-5
  • Parution: 2016
  • Prix: 16 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué (Belgique). Librairie Wallonie-Bruxelles (France).

Ce recueil de prose poétique est entièrement dédié à Paris, le Paris dans lequel on a envie de se promener et dont on se souvient comme d’une escapade amoureuse au goût de vin blanc.

« Le bel été qu’avoir été dans la persistance des présences. Il y a de la petite madeleine de Proust dans ce bonheur dont Claude Donnay nous fait revivre l’étincellement au présent historique. C’est vrai qu’il faisait beau. On n’avait plus connu un soleil pareil depuis des lustres; il inondait comme la rosée transpire. On aurait pu le toucher du doigt, le tenir dans sa main, et c’était comme une écriture fluide où s’allongeaient les pas, celle peut-être d’un fleuve où se coulaient les quais, où vivre tenait de source. Ou c’était le tracé d’une ligne de vie, signe de liesse où les regards s’empaument, un vert chemin où se joignaient les mains. Leurs jours s’écoulaient d’un cœur si léger que le temps n’avait pas, en ce moment, plus de prise sur eux qu’une brise, que les corps s’en trouvaient lissés, déchargés de leur pesanteur dans ce débordement des tendresses où l’abandon sublime la pudeur. Sans doute était-ce le secret de cette lumière particulière qui baignait le ciel de cet été. Elle semblait l’imprégner, s’éclairer d’un visage. La lumière leur souriait… à découvrir sans retard et sans modération. »

Jean-Michel Aubevert, extrait de la préface

Extrait

Parfois le réel échappe à la souffrance. On marche sur un trottoir dans un soleil juste à point, on ne cherche rien, on n’attend rien, on marche seulement dans le connu du monde, les pieds bien posés sur les patins pour ne pas rayer le parquet ciré par une main sans visage, la même qui nous pousse dans le dos quand le matin joue dans les branches d’un arbre.

Parfois le réel semble un rêve de biscuit, de tisane et de chocolat fumant au retour d’une promenade, et on le sait, et on tend les bras, et la souffrance glisse lentement sur le trottoir, car parfois une simple robe suffit à la folie du jour. On se dépose dans un regard gris et on attend comme un coquillage sur une plage la vague qui nous poussera en avant jusqu’à étreindre la blanche réalité d’une robe.

Juste une main de jours pour prendre une ville imprenable. Du temps volé à la tire, crocheté des doigts et retenu jusqu’à blanchir les phalanges entre les gouttes de soleil.

Qui peut dire quand la folie entame les murettes dressées patiemment pour contenir les carrés de ciel bleu — notre marais salant quotidien que nous ratissons sans trop oser de questions ?