
Hilda Bertrand est une énigme, et fut un mythe dans les années trente. Née en 1898, marquée très tôt par la maladie, cette jeune femme écrivit pour soi des notes qui n’étaient pas toujours des poèmes, en disant son amour de la nature et son aspiration à la spiritualité.
Elle fut propulsée à son insu à travers plusieurs publications de 1931 à 1933, à partir de ses notes éparses, polymorphes, non datées. Encensée par maints écrivains de France et de Belgique, elle en vint à incarner la figure du poète à la fois authentique et maudit. Un second recueil, volontairement conçu par elle, couronne en 1940 son insertion tardive dans les milieux littéraires. Puis elle sombre dans l’oubli : on ignore même la date exacte de son décès.
Parmi les figures féminines qui traversent le XXe siècle, son cas singulier dépasse l’anecdote d’histoire littéraire et réclame une lecture qui lui soit adaptée et respectueuse. Car cette œuvre unique en son genre pose au lecteur du XXIe siècle la question toujours lancinante : qu’est-ce qui fait la poésie ? de quoi se fait le poème ?