Le sculpteur Pol Bury occupe une place prépondérante dans l’art cinétique du XXe siècle. Et si l’on souhaite bien comprendre son œuvre de sculpteur, on vous encourage vivement à lire ses écrits.

Pol Bury (Haine-Saint-Pierre, 1922 – Paris, 2005) est considéré comme un artiste majeur du XXe siècle. Marqué à ses débuts par le surréalisme, il s’en éloigne par la suite en rejoignant le groupe Cobra, avant de s’orienter vers l’abstraction. Son cheminement personnel le pousse à la sculpture, avec la création d’objets animés de mouvements lents et aléatoires. Sa participation à la 32e Biennale de Venise en 1964 signe le début d’une carrière internationale, confirmée ultérieurement par de grandes rétrospectives qui parcourent les États-Unis et l’Europe. Travailleur infatigable, il développe la pratique de son art sous diverses formes : sculpture, travaux graphiques, films, bijoux, estampes numériques, œuvres monumentales, fontaines… Or, du début à la fin de sa carrière, l’artiste n’a cessé d’écrire et de publier des livres.

Le but du présent essai est d’explorer l’importante dimension que prend l’écriture dans son activité créatrice. Comment s’articule-t-elle avec sa démarche artistique ? Pol Bury ne mélange pas les activités plastique et littéraire : pour lui, une sculpture est une sculpture, et un livre est un livre. Toutefois, son écriture procède directement de la pratique de son art. Il la traduit et la transpose non pas « littéralement » mais « latéralement », grâce à une invention constante dans la forme et dans le contenu de ses textes. Entre le caractère poétique de ses réalisations plastiques et la manière décalée dont il en use avec toutes les composantes du livre, s’instaure une « circulation » qui ne cesse de se renouveler. Pour le dire autrement : Pol Bury œuvre en poète et écrit en artiste. Pour bien comprendre son œuvre de sculpteur, il faudra lire ses écrits.