
On ne fait pas de la bonne littérature avec des bons sentiments, c’est entendu ! Mais avec une fêlure, sans s’en apercevoir, on crée un passage entre soi et le monde.
La disparition est au centre de ce livre, et Pascal Feyaerts, qui est croyant, qui doit croire, touche ici avec justesse le manque et l’inconsolable des enfants du temps.
Ses mots sont les nôtres, dans d’autres circonstances, dans d’autres lumières. C’est pourquoi ces textes trouvent leur chemin.
Je suis athée, et je pense pourtant qu’il dit juste, qu’il dit vrai sur le deuil et l’espoir. En témoignent les deux derniers vers de ce recueil : « Où que tu sois /J’espère que tu danses ».
— Michel Van den Bogaerde
Extrait
Le monde s’est séparé de toi
Et pourtant je te sais guérie
Dans la jouvence d’un nouveau jour
Dans l’enseignement d’un nouvel espace
Et dans l’évanouissement du sang
Tandis que malades nous sommes
Du vide que tu as laissé
***
Faudra-t-il que sereins nous avancions
Comme lentement on le ferait à tâtons
Alors que tout en nous
Nous invite à pleurer ?
Combien de larmes
Peut donc contenir un nuage
Avant qu’il ne se mette à pleuvoir ?
Tu nous as laissé ta trace et ton lustre
Ta gentillesse et ta disponibilité
Rien de tout cela n’a trépassé
Même pas toi ni ton regard
Que je revois à l’instant
Comme un souvenir solide