Qui est Karl Götz ? Un rat de bibliothèque ? Un brillant érudit ? Un mari indifférent ? Un amant passionné ? Un aventurier ? Un manipulateur ? Un psychopathe ? Un assassin ? Un nouveau Prométhée ?
Où le mènera sa quête étrange ? Est-elle sublime ou absurde ? Mystique ou puérile ?
Et toi, que tiens-tu dans les mains ? Un roman ou une fable ? La clé de la Connaissance ou une fantaisie cynique ?
Extrait
… Parfois, lorsque nous marchions côte à côte, je m’écartais discrètement pour mieux voir les mouvements de sa silhouette souple et gracieuse. Elle avait une façon de se déplacer inimitable. Son agilité de jeune chat faisait onduler avec une innocente sensualité les voiles savamment agencés qui lui servaient de vêtement. Ses pieds nus et bruns, emprisonnés dans quelques fines lanières de cuir, faisaient voler la poussière des rues de terre battue. Elle bondissait d’un côté à l’autre, allait saluer tel ou tel qu’elle connaissait puis attirait mon attention sur l’une ou l’autre chose pittoresque. Ces mouvements devenaient comme une chorégraphie sacrée qu’elle dansait autour de moi sans un moment de repos.
Ces journées avec Amina font partie des souvenirs les plus doux de mon existence. Clélia n’existait plus. Peu à peu, je me laissai gagner par une attirance dont la force m’était inconnue. Moi, taciturne, ombrageux, je me découvrais gai, volubile et insouciant en présence d’Amina. Elle m’emmena dans les endroits qu’elle aimait, soit qu’elle y eût un souvenir particulier, soit qu’elle aimât venir y trouver l’antidote à sa lassitude dans la douce tiédeur du soir.
Un jour, elle m’amena dans une petite cour à laquelle on accédait par un dédale de venelles. Il y avait dans cette cour un vieil olivier millénaire au tronc tourmenté. Son feuillage, presque gris, couvrait d’une ombre mouchetée de petites taches de lumière tiède toute la surface de la cour. Amina s’assit au pied de l’arbre, le dos appuyé contre le tronc. Je m’assis à côté d’elle, nos épaules se touchaient à peine. Nous restâmes ainsi longtemps. Je n’osais ni bouger, ni la toucher, ni rien dire qui pût l’effaroucher.