Pour l’auteur de ces textes, la poésie témoigne doublement d’une expérience du monde et, simultanément, de celle de la langue. Celle-ci retrouve et reprend parole, à partir de l’Antigone de Sophocle, une œuvre majeure qui reste, pour beaucoup, un moment fort de ce que nous sommes, de même que de ce que nous sommes devenus. Aussi, sa reprise maintient l’ardeur de son origine, de son avènement, du fait qu’elle repose sur des fondements fragiles, nomades ou vacillants, et, tout autant, inachevables, inachevés. sa fraîcheur demeure latente dès lors qu’il s’agit de faire surgir, de retrouver ce qui semble s’y cacher, s’y dissimuler. Cette reprise cherche à s’approcher au plus près de nous-même afin de nous tenir dans l’intervalle d’une relation immédiate qui emporte la matière des mots au-delà de la facticité de toute littéralité, comme pour accorder à notre lieu et à notre condition, dans l’instant de leur réception, une place primordiale. Ces textes sont des blocs de noir et de gris qui s’avancent et varient comme autant de sismographes.
Pierre-Yves Soucy est né à Mont-Laurier (Québec) en 1948. Docteur en sciences sociales, il a été professeur à l’université du Québec à Montréal de 1975 à 1986. Il a également occupé la chaire Roland-Barthes à l’université de Mexico de 1998 à 2000 après avoir été responsable de la section de poésie et de littérature étrangère aux Archives et Musée de la littérature (Bibliothèque royale de Belgique). Codirecteur des éditions La Lettre volée et directeur des éditions Le Cormier, il est l’auteur d’une dizaine de recueils de poésies et de nombreux essais sur la littérature, la culture et l’art modernes et contemporains. Il dirige la revue de création et d’essais l’Étrangère. Ses textes sont traduits en plusieurs langues.