Michel Lamart, excellent poète et chroniqueur rémois, nous invite à partager sa vision de l’oeuvre du cher Arthur Rimbaud par des poèmes très courts et jamais touffus. On est loin des longues phrases de Rimbaud où celui-ci concoctait ses bijoux : que de trouvailles et hardiesses ! ont donné d’autres éclats au réel et une autre dimension au langage. À côté du fabuleux «je est un autre» Lamart, parmi tant d’autres qui ont aimé l’auteur des Illuminations, a osé nous proposer ses poèmes. Avec beaucoup de subtilité, ils se réfèrent à certains vers de Rimbaud : «Mer Poème qui / Enivre le poète / Et le berce / D’éclats oniriques / De ciels rougeoyants / Et de brumes violettes / Tandis que sur la flache / Dérade son bateau». D’autres, caractéristiques de la vie du révolté de Charleville, sont mis en évidence, entre autres : «À Babylone / Ivrogne d’entre les ivrognes / Victimes d’orgies / Abracadantesques».
Rio Di Maria
Extrait
Ami des forgerons
Tu marches
Marteau à l’épaule
Et n’hésites pas
À assommer le bourgeois
Qu’eusses-tu fait parmi nous
Agacés de réformes iniques
Dressés en foule pour la République
Contre les Bastilles d’aujourd’hui ?
Canailles : nous en sommes !
Oui ! Plus que jamais !
Marteaux qui sonnent fort
Et les forts devant la faux cillent