« Si Sang de chien avait été un journal, il aurait été écrit au jour le jour, chronologiquement, calmement. Si Sang de chien avait été une biographie de l’auteur, il aurait été plus précis, plus bref. S’il avait été écrit dans le but de vous stupéfier, l’auteur se serait appliqué à être encore plus bref et, en tout cas, plus sectaire. Si son but avait été de vous édifier, il s’y serait pris différemment et ce livre aurait été écrit comme pensum, un manuel à l’usage de tous. Mais Sang de chien n’est ni un manuel didactique, ni un recueil de psaumes, encore moins une biographie de l’auteur. Sang de chien n’est qu’un roman, dont l’usage, c’est bien connu, reste à découvrir. »
Tels sont les mots qu’écrivait Eugène Savitzkaya en 1989 pour présenter à sa façon Sang de chien, roman d’apprentissage qui, par son dépouillement, annonce Marin mon cœur. Le présent volume lui associe Les morts sentent bon, épopée improbable et touffue, enfantine et magnifique, parue en 1984 et contant les voyages de Gestroi, « garçon sans mère et sans père ». Sur les brisées de ce héros « naïf et muet », les lecteurs visiteront des huttes esquimaudes et samoyèdes, des forteresses féodales, des bouges, des villes en bois, des maisons surpeuplées et des troncs creux en plein cœur d’une forêt… Ce sont donc deux facettes complémentaires du talent polymorphe de ce grand écrivain d’aujourd’hui qui s’offrent ainsi, en un seul volume, à la curiosité de chacun.