Cet ouvrage accompagne l’exposition prospective de Cécile Massart au centre culturel Le Botanique de Bruxelles du 18 février au 25 avril 2021.
L’œuvre de cette artiste belge qui explore et propose des marqueurs pour les sites d’enfouissement des déchets radioactifs depuis près de trente ans à l’échelle de la planète et réfléchit à l’émergence d’une véritable conscience du nucléaire et du traitement de ses déchets dans nos paysages et nos sols.
Alors que l’on débat toujours pour savoir s’il convient ou non de fermer des centrales nucléaires, l’heure n’est plus à l’insouciance ni aux experts qui nous garantissent sans frais pour eux la sûreté de leurs installations quand on sait, quelques soient les politiques énergétiques qui seront désormais privilégiées, la menace que représentent pour notre planète et les générations futures pendant des milliers d’années encore les déchets radioactifs que l’on destine à des galeries souterraines où ils seront enfouis. Cécile Massart arpente ainsi les sites destinés à l’enfouissement de nos déchets radioactifs et dialogue depuis 1994 sans relâche avec les scientifiques et les responsables de ces opérations à travers le monde (notamment ceux de l’Andra en France ou de l’Ondraf/Niras en Belgique) pour proposer des marqueurs durables et visibles pour ces sarcophages qui vont traverser le temps, mais aussi des laboratoires et des shelter studios pour accueillir une pensée et une conscience encore balbutiantes de cette culture nucléaire qui est bien la nôtre, même si c’est à notre corps défendant et trop souvent à notre insu.
Pour l’accompagner dans cette quête depuis de nombreuses années et quelques livres communs, le sémiologue et cinéaste Aldo Guillaume Turin livre ses réflexions les plus intempestives et engage un dialogue fécond avec l’artiste.
Cécile Massart concentre son travail sur la recherche d’un mode de transmission de la mémoire des sites de déchets radioactifs dans le paysage. Suite à de nombreux voyages dans les pays nucléarisés, elle expose dès 1994 et publie ses travaux sous le titre : « un site archivé pour alpha, bêta, gamma ». En 2008, l’artiste dessine un ensemble de marqueurs et publie un livre aux éditions de La Lettre volée sous le titre de Cover. Le but est de rendre lisible à la surface cette strate archéologique des XXe et XXIe siècles et appeler à la responsabilité de tous. Quelle politique adopter pour l’avenir ? Quel patrimoine voulons-nous transmettre ? Concernant plus spécifiquement les déchets hautement radioactifs, l’artiste ouvre de nouveaux champs d’investigation avec le « laboratoire ». Situé sur le périmètre du site naissent ainsi de nouveaux espaces collectifs pour la création et un renouveau du rôle de l’artiste pour la sécurité du monde vivant.