Identités instables, rendez-vous équivoques, vertiges de l’existence ordinaire, personnages interlopes frôlés dans le coton d’un mauvais rêve, fantômes obsédants des ancêtres, gouffres de l’expérience humaine : les poèmes de Carino Bucciarelli respirent une inquiétante étrangeté non dénuée d’humour.
Le présent recueil réunit, sous le titre « Quelques visages », un choix de poèmes écrits entre 1985 et 1992. S’y ajoutent deux ensembles plus récents, « Dix étincelles » et « Couleurs inouïes ».
Extrait
Maintenant plus rien n’existe
il n’y a pas de temps
dans nos doublures de veste
pour tinter avec quelques piécettes
les montagnes se sont fendues comme des œufs
et le monde s’est essoufflé
avec quels yeux étroits
ils ont regardé
les hommes et leurs femmes
avant d’éteindre
pour que tout soit de nouveau
aussi combien de tête-à-tête
autour des tables
dans les familles
à rire innocemment
pour faire croire que personne ne sait
alors que tous attendent