Le personnage de cinéma est communément défini par sa fonction dans l’économie du récit. Il a une certaine physionomie, il est un ensemble de paroles, de gestes et de comportements motivés par les desseins de la narration ; il a une « psychologie ». Mais certains films, certaines scènes, donnent corps au personnage en ce qu’il est aussi un sujet sensible, c’est-à-dire une figure humaine dont l’existence à l’image est d’abord celle d’un être en train d’éprouver le monde comme tissu de phénomènes sensibles, et dont les actions se déploient avant tout dans le champ sensoriel : écouter, contempler, marcher, toucher, sentir… Faisant une place centrale à l’analyse de films, ce livre souhaite penser cette figure du sujet (filmique) sensible. Il le fait à travers certaines de ses manifestations singulières, dans des films très différents (Kore-Eda, Renoir, Hitchcock, Kitano, Dumont, Aoyama, Salvador, Tarkovski) qui révèlent pourtant sa densité expressive et sa capacité à nouer les enjeux des œuvres qui l’accueillent.
Benjamin Thomas, maître de conférences en études cinématographiques à l’université de Strasbourg, est l’auteur de nombreux articles sur l’esthétique du cinéma parus dans CinémAction,Vertigo, Ligeia, Positif ainsi qu’au sein d’ouvrages collectifs. Il est l’auteur d’un essai intitulé Le Cinéma japonais d’aujourd’hui. Cadres incertains (PUR, 2009) et a dirigé Tourner le dos. Sur l’envers du personnage au cinéma (PUV, 2013).