Figure essentielle de la littérature antillaise, passionné par les arts et la culture, Édouard Glissant (1928-2011) a fréquenté les artistes tout au long de sa vie : il se rend aux ateliers, accompagne les créations, écrit pour les catalogues d’exposition ou les festivals de musique. Il se lie d’amitié avec plusieurs d’entre eux, parmi lesquels le sculpteur cubain Agustín Cárdenas, le peintre argentin Antonio Seguí et le trompettiste de jazz martiniquais Jacques Coursil.
Le poète-philosophe multiplie les occasions de faire découvrir l’art des Caraïbes et de l’Amérique du Sud, tremplin pour la mondialité. Sa relation aux peintres, aux sculpteurs et aux musiciens ouvre son œuvre à une nouvelle pensée de l’art, qu’Aliocha Wald Lasowski nomme ici chaosthétique : beauté de la trace, fulgurance de l’éclat, puissances de l’étendue et du tremblement s’accordent à l’expérience baroque du Tout-monde.
À travers les imaginaires de l’archipel, le penseur de la créolisation fait entendre une partition inattendue du réel, tout en ritournelles, puissantes et légères, qui renouvellent les rythmes du vivant.