J’écris des tranches de vie, des pièces policières, des vaudevilles, des one-man-shows, ce que je préfère nommer – restons français – des comédies solo, toutes formes réputées désuètes, carrément ringardes et que je revendique avec une insolence qui indigne les beaux esprits qui me prennent pour un tire-au-flanc, un traître à la cause. Or, il n’y a aucune agressivité dans ma stratégie ; elle est tout simplement régie par le plaisir, ou par un certain goût du camouflage. Mes pièces sont moins naïves qu’elles ne le paraissent, plus savantes qu’elles ne se donnent. J’aime tendre au spectateur attentif, au lecteur réellement pénétrant, des perches qui lui sont réservées, des images dans le tapis, des « bêtes dans la jungle »…
— Jaques De Decker
Jacques De Decker (1945-2020) est un auteur multiple. Fils du peintre belge Luc De Decker, germaniste de formation et parfait polyglotte, il exerce ses talents dans l’écriture dramatique, dans le roman et la nouvelle, dans l’essai et la biographie et part à la rencontre des plus grands auteurs de l’histoire littéraire en traduisant ou en adaptant certaines de leurs œuvres.
Pendant plusieurs années, il a dirigé le service culturel du quotidien belge le Soir, tout en poursuivant son œuvre de romancier (la Grande Roue, Parades amoureuses, le Ventre de la baleine), d’auteur dramatique (Petit Matin, Grand Soir, Tranches de dimanche, le Magnolia), d’essayiste (les Années critiques, En lisant, en écoutant) et de biographe (Wagner, Ibsen).
En 1997, il a été élu à la succession d’Albert Ayguesparse à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, dont il a été le secrétaire perpétuel de 2002 à 2019.