Stéphane, étudiant en droit à Louvain, cherche à échapper à l’ennui de la vie de province. Il rencontre Thérèse Monique, une belle jeune femme condamnée à rester célibataire par sa fréquentation d’un jeune Allemand qui l’a délaissée. Elle incarne ses rêves d’un amour pur et chaste, qui contraste bientôt avec les voluptés que lui offre la comédienne Nini. Pris entre ces deux figures féminines opposées, le narrateur raconte son initiation à l’amour, entre ville et nature, plaisir des sens et découverte de l’intériorité. Lemonnier révèle ici toute l’entendue de sa palette d’écrivain ; il décrit avec brio une kermesse à Louvain, les paysages de l’Ardenne autant que l’atmosphère d’une ville morte.
L’ampleur de son œuvre et son inlassable activité de critique d’art font de Camille Lemonnier (1844-1913) une des figures-clés de l’histoire culturelle belge. Tour à tour conspué et admiré, le « maréchal des lettres belges » s’imposa comme la personnalité dominante du naturalisme en Belgique. Le réalisme de ses romans (qui lui vaudra plusieurs procès pour pornographie) va de pair avec une écriture puissante et baroque prompte à se saisir de grandes figures mythiques. Rurale au départ (Un mâle, 1881), son inspiration le portera plus tard vers des thèmes sociaux (Happe-Chair, 1886 ; la Fin des bourgeois, 1892).