Est-il plus simple de faire entendre la voix de la poésie quand on habite au bord de la mer ? C’est le cas pourrait-on penser de Daniel Labedan qui vit à Marseille et anime la revue en ligne Les États Civils . D’ailleurs, son dernier recueil poétique personnel : Transatlantique ne saurait nous faire mentir. Sauf que, de Marseille il faut encore rejoindre Gibraltar pour passer de l’autre côté. Sauf aussi qu’un dénommé Lucien Quine, patron de la société Silence Accès, spécialisé dans l’espionnage industriel pour le compte des multinationales semble avoir décroché le rôle principal de cette aventure poétique. Ce qui, prétend-t-on encore, ne facilite pas les choses. Mais à ce moment, où les débris de la révolution nationale ont rejoint le lyrisme poétique dans l’oubli, il est indéniable qu’il faille savoir écrire pour parler des choses importantes. Et penser, comme le fait Lucien, les choses plates et sans profondeur qui nous entourent, se révèle un exercice diablement compliqué. Arrêter un instant de vouloir comprendre pour sentir. Vous y songez ! Que se soit à La Plata en Argentine à Caracas ou ailleurs qu’est ce qui change pour le pêcheur qui est au bout de la digue ? C’est étrange, dans Transatlantique, on sent le vent qui souffle dans les rayons du supermarché comme si on était face à mer. C’est un peu perturbant. Mais bon, on ne va pas s’attarder là, parce que « Les oiseaux font comme s’ils n’existaient pas ». Il y a dans l’écriture de Labedan, beaucoup de raisons inconnues qui font qu’on trouve ses textes courts particulièrement beaux.
Daniel Labedan vit à Marseille. Il anime la revue de poésie-documentaire en ligne les États civils. Son premier roman, Mimizan-Plage, est paru aux éditions La Table ronde en 2003. Il est également l’auteur d’un recueil de nouvelles, Mon grand-père était cow-boy (La Dragonne, 2000). Il anime les éditions Les États civils.