Courant des années quatre-vingts du siècle écoulé, l’hôte d’un établissement psychiatrique, un vieil homme nommé Jérôme Destruck, tente d’apprivoiser sa solitude et les perturbations mentales dont il est à demi conscient, en rédigeant un journal intime. Sa solitude, il la peuple de souvenirs et de fantasmes. Non sans culture, il délire autant qu’il raisonne, parfois lucidement. Il émet des idées qui relèvent le côté « Monsieur Tout-le-monde » de sa personnalité. Et, surtout, il manifeste paradoxalement, dans ce qu’il a de plus odieux, ce qui ressemble fort à une certaine inconscience proche de la candeur. Parmi les questions qu’il se pose : suis-je toujours le salaud que j’ai été ? « Ex », conclut-il en hésitant. Ainsi va-t-il à la recherche de lui-même alors qu’il est en fin de parcours. Son « je » final a valeur de symbole ; ici, « je » n’est pas un autre, « je » est introuvable.
Animateur de l’atelier de bande dessinée le 9e rêve qui contribua profondément au renouveau de la bande dessinée belge (Sokal, Schuiten, Berthet, Goffin, Cossu, Andréas, etc, furent ses élèves), Claude Renard co-réalise avec François Schuiten deux albums de bande dessinée (Aux médianes de Cymbolia et Le Rail aux Humanoïdes Associés) avant de lancer sa propre série, Les Aventures d’Ivan Casablanca. Il est également l’auteur de plusieurs albums d’illustrations, dont Galilée, journal d’un hérétique et Maroc : Lettres à Matisse sous le protectorat (Gallimard).