Ce volume fait suite à Cent Nouvelles pas neuves (éditions Galopin, 2005).

Maître réputé dans le collage d’images, André Stas n’est pas moins expert dans le collage de textes. Le principe de ces cent nouveaux textes aléatoires : ouvrir un livre au hasard, recopier la première phrase qui vous tombe sous les yeux, recommencer l’opération dix fois, et s’ébahir du résultat obtenu.

Certes, on est averti d’emblée du procédé, on sait que l’on a affaire à des textes truqués. Certes, en les lisant, on se rend bien compte que « quelque chose cloche ». Pourtant, on ne peut s’empêcher d’y chercher du sens, mieux : d’en trouver.
C’est que nous n’aimons pas lire pour rien. La lecture exige de nous un effort, dont nous attendons la juste récompense. Sous leur apparence ludique, ces « nouvelles » en disent long sur le fonctionnement de l’esprit humain, sa propension à chercher partout de la cohérence, et à en fabriquer s’il n’en trouve pas, pourvu que l’objet proposé ait les apparences d’une totalité ou d’une continuité.
Aussi, bien que conscients de l’artifice, nous nous efforçons de combler les lacunes, nous nous évertuons à trouver une unité à ces membres épars. Nous nous surprenons même à reprendre tel passage, persuadés que nous ne l’avons pas bien lu, que quelque chose nous y a échappé. Avant de nous rendre à l’évidence : non, rien ne nous a échappé, c’est le texte qui s’est rendu insaisissable.

— Daniel Arnaut