Borain atypique, Yvon Givert (1926-2005) exprimait ainsi ce qu’il devait à sa terre natale: « Le goût de la couleur dans ce pays de suies. Des images surréalistes dont le patois est truffé. Une certaine violence sur fond de luttes sociales. Violence accrue par un blocage, un handicap moteur à la naissance… De quoi me situer à la lisière. Dans une zone de froid. Sans pour autant être exilé, assez pour être en marge, pour ressentir une distance entre mes pulsions et mon corps. Le corps toujours présent, avec son inertie, son anarchie, son absurdité. Ma pensée, ce n’est pas une flamme en haut d’une tour, c’est la fleur du sang, au centre de ma peau. »
Dans ce recueil inédit, composé alors qu’il se sait atteint du cancer qui l’emportera, Givert donne une nouvelle fois raison à Marcel Moreau, cet autre Borain atypique qui lui écrivait : « Vous êtes un vrai poète. Sans chichis, ni perruque, ni fond de teint. Là, nuitamment là, des mots avec juste ce qu’il faut de lumière, de couteaux, de musique pour entrer en nous comme un plaisir non émollient. Non mondain. »
Il est urgent de lire Givert !
Yvon Givert (1926-2005) écrit d’abord pour le théâtre et la radio, avec succès. Puis l’exemple de Pierre della Faille qui l’amène à la poésie. De 1972 à 2002, il publie une quinzaine de recueils. Il est également l’auteur de deux romans et de trois recueils de nouvelles.