Dans nos sociétés productivistes et fonctionnelles, la nature joue les utilités. Elle est pourtant à l’essentiel, le vivant nous prêtant à vivre jusqu’à l’air que nous respirons. De même, le rêve est le substrat de notre esprit ; il en est la sève sous-jacente qui nourrit notre présence au monde et la facilite. Il en répare l’étrangeté. Lorsque l’espace et le temps semblent rétrécir (plus vite parcourues les distances, plus construit le paysage, plus morcelé), ce ne peut être qu’au travers du regard qui s’y inscrit que s’ouvre le paysage à l’infini d’un rêve. Jean-Michel Aubevert, de solstice d’hiver en solstice d’été, visite et revisite des paysages familiers, ceux où il aime à se retrouver et où son imagination se déploie, ceux où « l’air ne lui est pas compté ». Il ne s’est pas contenté de recueillir le décor changeant de la nature. Ainsi que le conseilla le peintre Gauguin, il a rêvé devant (« Ne copiez pas la nature, mais rêvez devant elle »).
Né à Uccle en 1952, Jean-Michel Aubevert vit dans le Brabant Wallon. Il est l’auteur de vingt-trois ouvrages, principalement de poésie en prose. Il a en outre préfacé de nombreux recueils et collaboré à plusieurs ouvrages collectifs : Cahier Chronique n° 2 et Venise (L’Âne qui butine), le Mur (anthologie, Estuaires), Résonances (anthologie, Mémor), Photomancies (Le Coudrier) et Piqués des vers (anthologie, La Renaissance du livre, rééd. Espace Nord). Un numéro hors série de la Nouvelle Revue moderne lui a été entièrement consacré. Il a participé en tant que récitant au spectacle les Utilités du rêve soutenu par les éditions Le Coudrier.