Sur trois saisons, le printemps, l’été et l’automne, Philippe Mathy nous dit son amour de la Loire, qu’il observe de près. À décrire ce qu’il observe, « tout chante autour de [lui] ».
Philippe Mathy est une voix discrète. Sa poésie ne hausse jamais le ton. Elle dit avec des mots simples la beauté de ce qui l’entoure en masquant à peine une sombre mélancolie. Il faut lire les poèmes de Veilleur d’instants comme une suite de réflexions, d’observations posées dans un carnet. C’est vers les choses du quotidien que l’auteur tourne ses regards, non sans laisser sourdre l’angoisse de connaître leur disparition à chaque instant.
Dans la suite liminaire qui ouvre le recueil, le poète n’hésite pas à dire sa peur du temps qui passe et de celui qui s’approche en dégradant la vie.
Recueil après recueil, si la voix devient plus grave, Philippe Mathy ne cesse de dire la beauté et la bonté du monde.
Les peintures de Pascale Nectoux expriment ce flottement, disent la légèreté du temps qui passe.
Extrait
Porte ouverte
sur des chemins perdus.
La lumière avance,
désemparée.
Elle ne sait plus où aller,
comme si le matin
était trop lourd à porter
pour repousser la nuit.
Porte ouverte
sur les lignes de mes mains,
où saigne un oiseau
qui n’arrive plus à s’envoler.
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Dans le visage de la pluie,
dans les confidences du vent,
dans le gris des nuages
qui s’accrochent à nos fenêtres,
quelque chose demeure caché.
Peut-être une parole,
un souffle ignoré,
un amour perdu
qui nous attend pour renaître.
Jour gris
où passe un ange
impossible à retenir.