Vieille Peau est un huis clos étouffant, moite, tendu, ou, derrière les portes closes, se joue une tragédie à la fois drôle et brutale.
Pas de prologue, Christophe Kauffman nous plonge immédiatement dans le vif du sujet, comme on plante un couteau dans le cœur, avec souplesse et détermination.
Paola, quatre-vingts ans, vit seule dans sa maison aussi usée qu’elle nichée dans un quartier en déshérence.
Ce jour-là, elle a de la visite. Trois jeunes en vadrouille. Elle n’a pas dû leur ouvrir, ils s’en sont chargé. Et là, elle apprend qu’ils veulent la cambrioler. Ces trois-là ne sont pas des tendres. Il faut avouer que la cité qu’ils habitent ne l’est guère plus. Paola n’a pas dû leur ouvrir, ils s’en sont chargés.
Le récit nous est conté par Paola, la vieille, et Jamila, un des trois visiteurs, qui a son « parler djeuns » tout aussi fleuri que la langue de la vieille. L’alternance des conteuses nous fait vivre les émotions des deux « camps » avec bonheur.
La situation va rapidement dégénérer. Personne n’arrive plus à raisonner personne et tous en sortiront… différents.
Christophe Kauffman maîtrise parfaitement la situation et gère ses personnages, leur discours, leurs émotions et la tension narrative avec brio.
Vieille peau est un roman aussi noir qu’un expresso bien tassé, un roman urbain sans urbanité qui raconte la tragédie des solitudes banales, des violences que plus rien ne retient, des tempêtes qui malmènent et des accalmies qui effraient.