Bourgeoise, elle était en lutte contre les préjugés de son milieu ; féministe et pacifiste, elle était convaincue qu’il fallait éduquer les mères pour que celles-ci éduquent leurs filles à enseigner à leurs fils à résister à leur instinct de domination et de destruction.
À travers ses essais, ses romans et l’abondante correspondance échangée tout au long de sa vie avec sa sœur Vanessa Bell, artiste peintre de renom, Virginia Woolf, aux avant-postes de l’antimilitarisme et du féminisme modernes, a allumé les feux d’une guerre avec les mots, d’une guerre contre sa maladie mentale, d’une guerre contre la guerre. En 1938, rappelant l’inaliénable liberté des individus et des peuples, elle mettait en garde contre la menace qui pèse sur les démocraties européennes en y englobant, sur un même plan, les tyrannies politiques aussi bien que la domination du patriarcat : « Les dictateurs interfèrent aujourd’hui avec vos libertés ; ils dictent votre façon de vivre. » De manière saisissante, nous demeurons ses contemporaines et ses contemporains.