À travers ces deux essais, François Lallier nous propose non seulement un retour aux sources de la poésie occidentale, mais aussi une lecture précise, et pourrait-on dire, renouvelé d’auteurs latins tels que Catulle, Virgile et Horace. Mais plus qu’une lecture, il s’agit aussi d’une traduction faite de certains textes de ceux-ci qui induisent le commentaire. Lallier est à la fois poète et critique. Et il convient de rappeler que ces deux activités se nourrissent à tel point qu’on ne saurait les dissocier. C’est ce que montre très bien la réflexion qui précède les traductions proposées dans ce livre. Il convient de laisser parler l’auteur qui dès l’ouverture de son texte donne une idée précise à la fois de son intention et de la langue qui porte à merveille ce texte, une langue précise et rigoureuse, mais tout en souplesse. Lallier écrit : « Plonger à travers le temps, cherchant une origine. Remonter le courant à partir d’un point de départ qui ne peut être que le moment – le paysage – présent. Ainsi l’origine est-elle double, celle vers laquelle je reviens, et celle, dans ce mouvement de retour, d’où je suis parti : ce présent, qui est aussi un territoire ou une terre. Parce que la terre possède les fantômes qui habitent vivants le poème, mais possède aussi, près de tel ruisseau, non de sources néolithiques, le feuillage loquace des peupliers qu’agite un souffle invisible : parole perpétuellement présente comme elle l’est ici, dans l’instant, avant même que le murmure des mots, en leur « mutisme », n’engendre les figures de la grâce, de la beauté, du plaisir, de la douleur qui les accompagne. ». Tout dans ce livre est à découvrir, qui parle non seulement de poètes d’antan, mais de la poésie présente.
François Lallier publie depuis 1981 des ouvrages de poésie où il explore les relations du dire et d’un réel en partie étranger. Ses essais sur la poésie, parus depuis 1985 dans diverses revues (Critique, Europe, Pleine Marge, l’Étrangère, Il Particolare…), ont en partie été rassemblés dans les deux premiers volumes de la Voix antérieure à La Lettre volée en 2007 (I. Baudelaire, Poe, Mallarmé, Rimbaud) et en 2010 (II. Jouve, Jourdan, Michaux, Frénaud, Munier). Il a en outre dirigé des volumes collectifs : Avec Yves Bonnefoy. De la poésie (Presses universitaires de Vincennes, 2000), Roger Munier (Le Temps qu’il fait, cahier 17 avec Jérôme Thélot, 2010), Thierry Bouchard (Le Temps qu’il fait, cahier 18 avec Christian Hubin, 2013). La revue Europe lui a consacré un dossier en 2012.