Dave Decat, illustrateur et affichiste bruxellois, explore sans relâche, depuis le début des années 2000, l’univers haut en couleurs des truands qu’il magnifie : que ce soient les bandes criminelles du Paris Belle Époque, les Apaches qui avaient volonté de s’afficher et de parader, les voyous tatoués ou d’autres. C’est dans ce monde codé et stylisé que Decat puise ses idées et la matière des portraits imaginaires qu’il réalise. Il s’inspire d’Anatole Steinlen ou de l’imagerie véhiculée par les journaux de l’époque tels le Petit Journal.
Pour enrichir son univers, le dessinateur s’est également nourri de références littéraires et cinématographiques précises qu’il fait siennes comme Du rififi chez les hommes d’Auguste le Breton, un classique de la littérature policière ou Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville dont il a digéré puis réinterprété les codes. Toujours fasciné par les freaks, les marginaux et les exclus de tous bords, Dave Decat a consacré aussi son travail à ceux qu’on appelait « loubards » dans les années 1980 ou encore aux fans de rock heavy metal.
Le livre est découpé en chapitres thématiques qui se succèdent suivant l’ordre chronologique des créations de Dave Decat. On trouvera aussi dans ce volume un texte dans lequel l’artiste partage son histoire, son cheminement et sa démarche créatrice tout en donnant les clés de son univers graphique.
On se glisse progressivement dans une galerie de portraits, des vraies « gueules » représentées avec une empathie palpable. Un intérêt pour un monde que l’on découvre et la curiosité pour l’univers si particulier créé par Decat est maintenue. Le travail de l’artiste est décliné sur des supports aussi variés que l’affiche, le dessin, la pochette de disque ou la couverture de livre. Pourtant, son style précis et unique est d’une cohérence évidente et réussira à séduire et créer une évidente empathie voire une vraie affection pour cette galerie de personnages.
Né en 1971, Dave Decat assiste dès l’âge de douze ans à des concerts de hard rock dont l’esthétique et la mise en scène outrageuse le marquent profondément. Il s’intéresse ensuite à la scène musicale hardcore dont les membres sont tatoués comme des bagnards. La découverte de livres tels que Malfrats & C° d’Auguste le Breton et Biribi de Georges Darien sera le déclic pour le jeune diplômé de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Il réalise des portraits de hors-la-loi dandys irrévérencieux et fiers. Son style est repéré par la marque américaine de vêtements Carhartt qui lui commande une campagne publicitaire de dessins originaux. S’ensuivra une collaboration fructueuse avec la marque puis une première exposition personnelle à Hambourg. Depuis, resté fidèle à l’univers qu’il a créé, il le décline selon les supports et les demandes. Il a ainsi réalisé plusieurs pochettes de disques, affiches pour le cinéma ou couvertures de livre et continue à exposer régulièrement son travail en galerie.