• Sous-titre: De la Sibérie à Anvers, le courage de la différence
  • Auteur(s): Jerzy Hildebrand
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Péritexte:
  • Format: 14.5 x 21 cm
  • Nombre de pages: 152 pages
  • ISBN: 978-2-930702-37-7
  • Parution: 2013
  • Prix: 16,00 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Née dans une famille juive aisée, Wanda, la mère de l’auteur, se retrouve veuve sans le savoir : son mari a été exécuté par les Soviétiques lors du massacre de Katyn. Elle sera déportée en Sibérie avec son fils de quatre ans. Une déportation qui leur sauvera la vie. Dans cette prison à ciel ouvert, elle devra oublier qu’elle a été une jeune femme un peu frivole pour devenir une quasi-pauvresse animée par la farouche volonté de vivre et de faire vivre son enfant. De retour en Pologne après la guerre, ils y seront en butte à l’antisémitisme et connaîtront le sort réservé à tant de juifs laïques transbahutés d’un pays à l’autre, pour finir leur longue errance en Belgique.
Tous ceux, collègues, anciens condisciples, patients, qui ont connu Jerzy Hildebrand, iront de découverte en découverte en lisant Wanda, tant il était pudique sur son extraordinaire trajet de vie.
Quant à ceux qui ne l’ont pas connu, ils pourront tout autant se passionner pour l’histoire de cette femme, Wanda, qui est parvenue à rester elle-même à travers les convulsions du xxe siècle.
Un texte émouvant, mais où l’humour permet de tenir à distance ce que le récit pourrait comporter de trop dur. Un des plus beaux hommages qu’un fils ait rendus à sa mère, avec cet énorme mérite de ne pas tenter d’en faire une sainte, mais de peindre une femme courageuse, pragmatique, libre, pleine de gaîté et d’humour, dont les qualités étaient parfois contrebalancées par quelques travers et des préjugés d’un autre temps.

Extrait
Une aube grise et rose se lève à peine quand paraît le chef de la police. C’est un homme de haute taille, corpulent et jovial. Il porte un uniforme militaire kaki, une haute casquette ornée d’une étoile rouge et des bottes noires et luisantes en cuir souple. Quelques agents très jeunes et vêtus avec beaucoup moins d’élégance l’entourent. Il leur ordonne de rassembler les nouveaux arrivés. Du haut des quelques marches qui donnent accès à la gare, le commissaire domine la masse des déportés. Décoiffées, à peine réveillées, les femmes tournent vers lui leurs visages inquiets.
Polonais, bienvenue en Sibérie, dit-il en découvrant quelques dents en or. J’ai été prévenu de votre arrivée et je vous attendais. Tout à l’heure, des camions vous transporteront dans les villages et les kolkhozes de notre district. Vous y vivrez avec les gens de chez nous et vous y mènerez la vie des gens de chez nous. Ici vous n’êtes pas en prison, on ne garde ni ne surveille personne. Pas besoin, vous êtes libres, n’êtes-vous pas tous nos invités ? D’ailleurs, pourquoi vous garderait-on, à quoi bon fuir ? Que trouverez-vous cent verstes plus loin sinon un autre kolkhoze ou un autre village pareil à celui que vous aurez quitté.
Visiblement satisfait de la harangue, le policier sourit à nouveau avec bonhomie et porte un regard circulaire sur les déportés rassemblés en demi-cercle. Les femmes l’ont écouté en silence. Puis, très lentement, certaines commencent à réaliser ce qui leur arrive : elles sont en Sibérie pour de bon, et sans doute pour longtemps. […] Soudain, une d’elles s’écrie : « Mais où sont donc nos maris ? Lors de notre départ, on nous a assuré qu’ils nous attendraient ici. On nous a même recommandé d’emporter tous leurs vêtements. »