« Et à nouveau nous nous asseyions en silence en songeant que nous n’avions aucune raison d’exister. » Cette citation de l’écrivain hollandais Nescio (dont le nom de plume latin signifie : « Je ne sais pas »), placée en épigraphe de ce livre, en indique la tonalité. Wendelin et les autres réunit seize brèves nouvelles. Ce sont autant de portraits de personnages solitaires, marginaux ou vieillissants, saisis le plus souvent dans un moment creux de leur existence, propice à la songerie et au retour sur soi. Chaque nouvelle, de trois ou quatre pages, est constituée d’une seule phrase, comme pour mieux épouser le flux de conscience de ces personnages.
Voici, par exemple, Wendelin. Wendelin a tout d’un homme ordinaire. Nous le rencontrons dans le tram qui le conduit sans doute à son lieu de travail et le quittons quand il en descend. Ses préoccupations pendant la durée du trajet sont elles aussi très ordinaires. Il pense à l’herbier d’Emily Dickinson. Il reconnaît un air d’opéra que fredonne une dame. Il déteste avoir froid.
Les illustrations de Lysianne Schlechter – au nombre de seize, elles aussi – mettent toutes en scène le même personnage. Elles suggèrent que ces nouvelles pourraient être autant de fragments d’un autoportrait imaginaire, éclairant chacun une facette de la vie intérieure de l’auteur.