Si la critique s’est trop souvent arrêtée à la remise en perpective de la psychanalyse opérée par Yves Bonnefoy en opposant les langages du concept à la parole de poésie, Patrick Née nous montre ici combien l’inconscient est toujours apparu constitutif de l’image poétique surréaliste pour cet auteur dont le dernier récit, Les Planches courbes, est au centre du présent essai. Il avance l’hypothèse que l’on doit à une exigence auto-analytique la clarification des rapports du sujet à ses objets d’amour fondamentaux et dévoile une perception aiguë des luttes intrapsychiques, ressaisies à travers les œuvres de Georges Bataille et, dans une moindre mesure, d’Alfred Jarry ou de Gilbert Lely. Cette démarche nous porte au cœur de la créativité : une manière de concevoir la transgression de nos représentations, laquelle assure la critique des idées reçues dans les domaines de l’art et de la poésie.
Patrick Née est professeur à l’université de Poitiers. Auteur d’essais sur la poésie française moderne et contemporaine, et en particulier sur l’œuvre de René Char, de Lorand Gaspar, de Philippe Jaccottet et d’Yves Bonnefoy, il a consacré plusieurs études à ce dernier, dont Poétique du lieu dans l’œuvre d’Yves Bonnefoy ou Moïse sauvé (Paris, PUF, 1999), Rhétorique profonde d’Yves Bonnefoy (Paris, Hermann, 2004) et Yves Bonnefoy penseur de l’image ou les Travaux de Zeuxis (Paris, Gallimard, 2006).