Entré en poésie dès la fin des années 1930 comme d’autres entrent en religion (Poèmes, 1939 ; Psaumes sans la grâce, 1947 ; 1949, Chant noir, 1949), Charles Bertin (1919-2002) renoua, après un lustre, avec le genre lyrique dans ses dernières Fêtes du hasard (1999) et Ode à une façade en fleurs (2002).
Ses oeuvres dramaturgiques, aux thématiques et registres variés, connurent l’heur des mises en scène belges, notamment au Théâtre royal du Parc (Don Juan, 1947) et au Rideau de Bruxelles (l’Oiseau vert, 1963). Le Roi bonheur (1966) lui valut le prix Italia l’année de sa création. Je reviendrai à Badenburg (1969), sans relever du théâtre de l’absurde, interroge, par le fond et par la forme, la condition humaine. Le dramaturge exerça aussi son talent d’adaptateur pour deux pièces de Shakespeare (Troïlus et Cressida, Macbeth) et six autres pièces.
Mais pour les lecteurs de ce début du XXIe siècle, Charles Bertin demeure l’auteur de deux livres qui ont marqué l’imaginaire, à travers deux univers pourtant bien différents : les Jardins du désert (1981) est, sous une longue métaphore monacale, le testament d’un homme qui interroge les relations de l’Homme avec le Pouvoir, le Destin ; la Petite Dame en son jardin de Bruges (1996) livre l’imaginaire secret et merveilleux d’un enfant. Ces deux livres ne peuvent toutefois occulter son premier roman, Journal d’un crime – 1961, qui forme diptyque avec le Bel Âge, 1964 – ni le Voyage d’hiver (1989).