Né en 1914 à Affori près de Milan, pratiquement inconnu en France, Emilio Villa est un des plus grands poètes contemporains. Son travail sur la polyphonie des langues le rend comparable à Joyce et à Arno Schmidt. Rarement l’expression « alchimie du verbe » a paru mieux appropriée. C’est également à Villa, très attentif à la peinture de son époque (Alberto Burri, Pollock, De Kooning, Newman et autre Twombly), que l’on doit le terme de « peinture d’action », concept qui reviendra, via Harold Rosenberg, sous l’historique appellation désormais contrôlée d’action painting. Pour Villa la poésie trouve son agir dans sa propre énergie, destituée de tout lien logique d’ordre grammatical, de toute rationalité qui renverrait à du signifié originel. Doit dominer la stratification mobile d’un alogisme dans ses moments de ruptures. D’où le glissement vers une « zérolangue » traitée en tant que matériau infiniment plastique et déformable.
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La Part de l’oeil
OEuvres poétiques choisies 1934-1958
Emilio Villa