Récit tout en gravure sur bois. Par une nuit sans fin, le Docteur A. et l’Infirmier O. déambulent dans les méandres labyrinthiques d’une ancienne caserne.
Enfermés dans ce décor fantomatique aux lueurs blafardes, ils se cherchent, se trouvent pour mieux se perdre. Oscillant entre abstraction et figuration, absence et présence, mort et vie, le réel se déforme et devient cauchemar. Pour conjurer l’obscurité, les personnages la matérialisent par la gravure. Pour lutter contre leur angoisse, ils la filment. C’est de ce dialogue permanent entre la page et l’écran, la gravure et le cinéma, que naît l’ambivalence d’Après la mort, après la vie.
Motif central, la projection, que ce soit celle des corps, des fantasmes, du livre ou du film, pose d’emblée le récit comme un acte cinématographique. Doubles opposés et complémentaires, A et O sont à la fois lecteurs et spectateurs du livre-film qu’ils créent en inscrivant leur marque, leur voix, leur corps même au creux de la gravure. Du rouleau encreur aux pellicules de cinéma qui zigzaguent de case en case, des rails de chemin de fer aux roues du corbillard, la circularité du dessin permet ici une mise en abyme sans cesse renouvelée de l’acte créateur, de la gravure à la table de montage.