[…] Il y a un poids de silence, une cosmologie dans ces photos de Françoise Nuñez, elles sont en apesanteur sur le mystère du monde qu’elles laissent entrevoir. La contemplation n’est pas seulement un regard, elle va au-delà de l’apparence, elle coule dans un laisser-aller, un flottement de l’esprit, un échange ininterrompu avec les lieux. […]

Il faut composer avec les génies des lieux qui cette fois parlent une autre langue et ne se laissent pas facilement pénétrer. Même les photographies prises de près ne s’intéressent pas à la pause, ainsi ce groupe de femmes enveloppées de leur châle blanc et qui regardent par la fenêtre du train, seules et sans souci de la photographe ou ces scènes prises sur le vif sont sans volonté démonstrative comme dans ces scènes de marché, prises sous différents angles avec des passants de dos, qui s’éloignent. C’est un monde qui se dérobe, marque sa réticence à se laisser saisir. […]