Je suis si sûr d’être vivant. Impossible que je meure, je suis tellement sûr d’être vivant. Je suis fort, je vais leur montrer, personne ne pourra plus m’approcher, ils me laisseront passer, ils s’inclineront, ils seront obligés de le faire… Ils auront tous peur de moi ! Cette ville m’appartient !
Il y a peut-être un dieu dans la ville rouge. Ou un avorton minable. Il y a en tout cas une conscience qui visite, qui habite la ville. C’est avec du sang de boeuf récupéré dans les abattoirs de Charleroi que Michaël Matthys a brossé cette fresque sauvage et amoureuse.
La Ville Rouge, c’est Charleroi. Ces planches ont été exposées au centre Pompidou dans le cadre de l’exposition BD Reporters, ainsi qu’à la foire d’art contemporain de Bruxelles, ArtBrussels, avec la galerie Jacques Cerami.
« […] Cent vingt planches [désormais 156] à lire et à décrypter d’un trait d’abord, selon le principe de l’image arrêtée ensuite. Matthys, depuis qu’il la scrute au-dedans, au-dehors, depuis qu’il s’époumone à en parcourir le ring [équivalent de nos périphériques et rocades] sens dessus dessous, développe une vision panoramique, toujours galopante, d’une ville qui le libère et l’étouffe tout en même temps.
Ça saigne, je vous le disais. Mais ça saigne, comme saigne un cœur aux abois de lendemains qui filent toujours plus vite, sans cesse plus incertains. Visions fulgurantes, d’apocalypses ou de rêve, selon le moment, métro, passants, places et monuments, Constantin Meunier et le Marsupilami, un homme qui marche et un qui court, des visages flous et d’autres qui s’écrasent dans l’anonymat, comme des voitures sur un ring… »
Roger-Pierre Turine – La Libre Belgique