• Auteur(s): Anselme Nindorera
  • Éditeur: M.E.O. / Papier blanc, encre noire
  • Genre: Roman
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 260 pages
  • ISBN: 978-2-87168-082-6
  • Parution: 2018
  • Prix: 18 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Premier tome du diptyque romanesque d’Anselme Nindorera, publié à Bujumbura en 1993 peu de temps avant la mort de l’écrivain, les Tourments d’un roi s’attache à la figure du dernier Mwami du Burundi ayant régné avant la colonisation allemande. Le souverain, qui avait repoussé avec succès les tentatives arabes de conquête, dut céder devant le puisant armement du iie Reich, piégé de plus par la trahison des princes félons Maconco et Kirima. Malgré la déstabilisation de l’unité nationale et la disproportion des forces, Mwezi Gisabo opposa au futur colonisateur une résistance telle qu’elle suscita le respect de l’envahisseur. Celui-ci laissa au monarque vaincu quelques marges, dont le choix, via les Pères blancs d’Afrique, du français comme langue d’enseignement de la culture nouvelle.
Précis, rythmé, souvent haut en couleur, le récit de Nindorera expose les mille et une difficultés du règne de ce valeureux roi borgne qui ne put trouver, dans les ingrédients majeurs de sa culture, les moyens de s’opposer au triomphe de la technique.

Extrait
Le droit divin au pouvoir, avec lequel on avait toujours leurré les peuples sur l’essence surnaturelle de la royauté, n’était un argument pour aucun de ces princes dont les veines charriaient un sang royal. Tous savaient que le roi n’avait aucun droit divin de régner. Mais de concert, tous les devins et sorciers affirmaient aux Barundi que l’enfant qui trônerait sur le pays sortait de sa mère avec ses petits poings bourrés de diverses graines.
Ces gens savaient très bien que tout prince pouvait régner – tout prince afin de sauvegarder la continuité dynastique – et même tout individu capable, fort et intelligent.
Ainsi chacun des fils du roi nourrissait-il cet espoir d’entrer en possession de Karyenda, tambour où étaient enfermées les dépouilles sexuelles de tous les souverains et chefs vaincus par les monarques du Burundi depuis le grand et sauvage Ntare-Rushatsi.
Cette présomption de devenir le roi n’était absente que du cœur de Bikatabijoga. Comme cela arrive, les hommes prédestinés aux grandes choses l’ignorent eux-mêmes.
Les autres aussi, les voisins, les amis, les gens qui ont le même rang qu’eux, ont comme un voile sur les yeux et ne peuvent deviner, dans la personne la plus humble, celle qui dominera les empires. Car le destin veut des surprises spectaculaires et non un enchaînement attendu des événements, analysable avec la logique humaine. Les desseins du destin sont impénétrables à notre intelligence.