Dans ce monde fantasmatique où tout est possible, elle se vit maîtresse d’un grand jeu érotique où les hommes, sous le charme consentant de son emprise, se soumettent avec docilité à des épreuves de sélections aussi embarrassantes que fatigantes. Les candidats sont appelés à se distinguer par des “petits travaux” qui progressivement, prennent une forme de Grand Ouvrage.
Au départ, il sera question de déplacer des livres sans savoir où les ranger, puis de creuser quelques trous pour retrouver un hypothétique chien mort, pour enfin, entreprendre la construction d’une piscine. Dans cet espace où elle peut contrôler le devenir des choses, elle convie tout ce qui tracasse ses pensées. On voit ainsi déambuler, tout en même temps, à travers la maison et le jardin, une enfant filiforme en maillot de bain, un buisson aux formes suggestives, l’ex-mari regretté, ses feuilles d’impôts, des homards qui parlent et une centaine de candidats, mignons et corvéables. Tout ce joli monde se retrouve à moitié nu, dans ce jardin absurde et joyeux, presque enchanté.
BURN OUT
Mais de page en page, le sens apparaît, l’imaginaire se connecte au Réel et ces hommes rencontrés sur le Net, c’est une évidence, jamais elle ne les croisera.
Le jardin extraordinaire est une pure échappée, un moyen de rester à distance du grand vide, ce creux, ce trou béant, ce drame auquel le couple n’a pas pu faire face : la perte d’une enfant disparue quelques années plus tôt dans les eaux d’une piscine olympique.
Plus si entente, c’est le refuge de « la Mère ».