Béhanzin, dernier souverain africain vaincu par les Français en 1894, est déporté en Martinique. Là où l’ont précédé des esclaves vendus par les siens. Qui a connu le feu confronte l’héritage des Lumières et de l’esclavage. Le texte bouscule les classiques portugais (Camoes, Pessoa…) dans un chant de douleur mêlé d’humour, de violence et d’espoir, dont les images de Bramanti constituent une incarnation vibrante.

En 1580, le jeune roi Dom Sebastien entraîne la noblesse portugaise au Maroc dans une expédition contre les « Infidèles » qui va se révéler un désastre au terme duquel le pays sera annexé par l’Espagne. Depuis certains attendent le retour de ce roi dont on n’a pas voulu croire à la mort et supposé caché dans de mystérieuses « Iles Fortunées ». Ce retour messianique doit marquer l’avènement du 5e empire, un empire universel et chrétien.

Trois siècles après cette disparition, Béhanzin, le dernier roi du Bénin, était défait et déporté par les Français. Ainsi, voilà les deux souverains compagnons d’exil, au coeur de terres de nulle part, Martinique ou Guadeloupe, Haïti ou Cuba.

Voilà que Béhanzin s’adresse à son illustre compagnon, messie invisible des temps nouveaux. Quelle place pour lui dans l’empire universel ? Combien encore durera l’attente ?

Pour la première fois, Yvan Alagbé signe un texte pour un autre. Comme pour Le Pont de l’Ange et Le Chemin des Merles, Olivier Bramanti fait surgir de ses pinceaux l’épopée et la légende pour mieux saisir les questionnements contemporains. Œuvre métisse, Qui a connu le feu confronte l’héritage du christianisme et des lumières, de l’esclavage et des colonies, à la recherche peut-être de nouvelles utopies.