Deleuze est mort. Charon, le passeur d’âmes, est chargé de le conduire sur sa barque vers l’autre rive où Barthes, Lacan et Foucault l’attendent. Mais, avant même que le philosophe ait pu rejoindre les siens, la barque fait machine arrière et le ramène au début.
Deleuze est mort, vive Deleuze ! Arrivé dans l’au-delà, l’auteur de l’Anti-Oedipe doit traverser le Léthé pour rejoindre l’autre rive. Pendant le trajet, le mort prend les rames et évoque sa vie passée. De l’autre côté, Barthes, Lacan et Foucault l’attendent. Mais avant même qu’il n’ait pu aller à leur rencontre, la barque fait machine arrière et le ramène au début. La sc ène se joue et se rejoue plusieurs fois, le temps que le philosophe, aidé par Charon comprenne que la répétition n’est pas répétition du même mais la « condition possible de la métamorphose de soi».
Touché par la fin brutale des philosophes du courant post-structuraliste (Barthes est mort, renversé par une voiture en sortant du Collège de France, Deleuze s’est suicidé pour abréger ses souffrance), Martin tom Dieck a eu l’idée de rendre hommage à Deleuze et ceci, à sa manière. Parce que ses connaissances en philosophie étaient limitées, le dessinateur a fait appel à Jens Balzer qui s’est occupé d’une grande partie du scénario et des dialogues. D’ailleurs, l’idée de la répétition vient de lui. Salut Deleuze ! a d’abord été publié sous la forme de strips dans le Frankfurter Algemeine Zeitung. Il paraît maintenant dans son intégralité aux éditions Fréon. Très loin de l’exposé théorique rébarbatif, Dieck et Balzer réussissent à mettre de la philosophie dans la bande dessinée. Ce récit en forme de fable est l’occasion, pour les auteurs, de faire revivre Deleuze en le confrontant aux théories élaborées avant sa mort. C’est aussi l’occasion pour le lecteur actif de participer à la réflexion.