Tempo Largo, le titre de la série, suggère un mouvement lent propice à la contemplation, et fait référence à une œuvre du compositeur finlandais Jean Sibelius. Écho à la blancheur des corps et des paysages recouverts de neige, au silence du dormeur et aux sons assourdis des paysages enneigés. Calme apparent de ces êtres qui s’abandonnent au sommeil, ou d’une nature au repos…
« Les images d’Anne Greuzat ne sont ni d’une touriste, ni d’une voyageuse ; plutôt d’une plongeuse, dont les puissants déplacements sont intérieurs, les grandes immobilités, abyssales, les voyages en chambre, infinis. Ces photos ne montrent pas l’extraordinaire du paysage, elles délivrent l’essence et la simplicité de ses matières, de son matériau, de ses humeurs. Eau et glace, brume et peau, poil et écorce, herbes et tourbes, postures du corps ou de l’écume, plinthes et angles : pour qui sait l’entendre, un dialogue court partout, debout comme un nuage ou tronc étendu, sinueux. Il est à basse fréquence ou ralenti, à peine bruissant, un peu distant, imperceptible peut-être ; mais il vous enrobe et vous englobe dès les premières pages d’un ouvrage pourtant en petit format, vous invite à plonger à rebours, par le chas d’une aiguille de pin, dans ses vastes étendues. L’étrange est familier, les solitudes pourraient ne pas avoir de terme. On revit des scènes racontées par d’autres… on revoit des images que certains ont pensées… en songe seulement, peut-être, pouvons-nous approcher les choses pour la première fois, agrandir les murs et les souvenirs aux dimensions d’une forêt. »
Emmanuel d’Autreppe, extrait du texte.