La galeriste belge Manette Repriels a redécouvert une série de quatre planches typologiques montrées par Bernd et Hilla Becher à la Biennale de Sao Paulo en 1978. Rassemblés au fil de plusieurs années de voyages à travers l’Europe et les États-Unis, depuis la fin des années 1950 jusqu’aux années 1970, les clichés des Becher étaient présentés à raison de 9 photographies par panneau, chaque panneau regroupait des familles (appelées « typologies ») de tours de refroidissement, de châteaux d’eau, de hauts-fourneaux, etc. Les clichés des Becher se livrent comme les fiches signalétiques d’un catalogue de bâtiments industriels désaffectés. Cet inventaire du patrimoine industriel constitue autant de « typolologies » dans la tradition des maîtres allemands de la photographie objective, comme August Sander ou Karl Blossfeldt, dont les Becher sont incontestablement les héritiers avant de faire à leur tour figure de chefs de file pour une nouvelle génération de photographes allemands dont les plus connus, comme Andreas Gursky, Candida Höfer, Thomas Ruff, Thomas Struth et Axel Hütte, ont été leurs élèves à l’académie de Dusseldorf. Plusieurs grandes rétrospectives, dont celle de Beaubourg en 2004, ont été consacrées aux Becher.

Outre la reproduction des quatre planches et de chacune des 36 photographies qui les composent, trois textes soulignent l’originalité et la rigueur de leur démarche : Claire Lejeune, écrivain et philosophe, amplifie les échos poétiques de l’œuvre ; Laurent Busine, directeur du MAC’s, examine la résonance contemporaine de l’œuvre ; enfin, un entretien entre Manette Repriels, galeriste proche des Becher, et Denis Gielen témoigne de la manière dont les Becher préparent les prises de vue sur les sites.

Exposition conjointe Becher/Masereel au Musée des arts contemporains au Grand-Hornu (4 juin – 13 août 2006).