Au fil de ses livres de poésie, Jean-Claude Schneider aura exploré de façon inédite et singulière le monde, le réel qui nous environne, en pratiquant une écriture fragmentée, certes, mais construite de manière à rejoindre à chaque fois ce qu’il y a d’universel dans le rapport à soi, à autrui et au monde. Il explore à chaque fois des formes neuves du langage afin de cerner au cœur ce qui nous tient au plus vif de la vie, de saisir avec la plus grande précision tout ce qui tient du monde que nous habitons. Plusieurs auront remarqué combien cette écriture est attentive à tout ce qui touche aux éléments fondamentaux, de l’eau, des fleuves, de leurs sources, de la terre, de l’air, de l’espace, du désert (qu’il aura longuement fréquenté) et, dans ce dernier livre tout particulièrement, le sol : « besoin-là / de sol / fût-ce fumier tesson ». Cependant, c’est toute la modernité poétique qui se trouve reprise, arpentée et, en quelque sorte, critiquée. La parole poétique est chez lui création au sens fort du terme. Cette parole ne s’accommode pas de l’époque. Mais c’est au niveau de l’expérience personnelle que tout est repris, vu, sondé, du monde et de la mémoire comme des limites de la parole.
Né en 1936 à Paris, Jean-Claude Schneider est poète, critique et traducteur. Il a suivi des études d’allemand et de linguistique à la Sorbonne puis à l’université de Heidelberg. Ses premiers poèmes ont paru dans le Mercure de France. Chroniqueur pour la Nouvelle Revue française, il devient secrétaire de rédaction de la revue Argile de 1973 à 1981. Depuis 1969, il a publié une vingtaine de livres de poésie, ainsi que plusieurs essais sur la poésie et la peinture (Bazaine, de Staël, Giacometti, Sima, etc.). Il a traduit des poètes allemands et russes (Hölderlin, Trakl, Hofmannsthal, Walser, Mandelstam, etc.).