Réédition d’un livre paru en 1968 et épuisé, Perpetuum mobile est un moment charnière dans le travail poétique de Pierre Garnier. Il marque le retour du poète vers une poésie linéaire, qu’il avait délaissée pour se consacrer au spatialisme, poésie visuelle qu’il avait inventée avec son épouse Ilse Garnier au début des années 1960. Ce que Pierre Garnier commente dans un texte repris en préface :
« Ce livre de poèmes montre l’influence du spatialisme sur [ma] poésie : en effet il ne s’agit pas cette fois-ci de textes visuels ou acoustiques mais de poèmes brefs, faits parfois de quelques mots, qui nous entraînent dans un mouvement perpétuel au fil de la vie aperçue, suivie, interrogée, dite, de la façon la plus objective possible.
[…] Ces poèmes, dont l’économie est due à l’influence de la poésie concrète, sont souvent la confrontation de deux idées ou de deux images qui déclenchent, chez le lecteur, l’éclair poétique et ne retirent rien au mystère qui affleure.
Le long du film poétique file, sous-jacente, l’interrogation sur les langages et leurs poésies : quels rapports entretient le poème avec le monde, avec les hommes ? La réponse est peut-être dans ce mouvement sans cesse repris et qui s’étend, ce perpetuum mobile. »
Le recueil est accompagné d’un choix de poèmes qui annoncent (Secondes, 1966) et prolongent (Santerre, 1971) Perpetuum mobile.
L’œuvre poétique de Pierre Garnier (1928-2014) est considérable. Il a toute sa vie exploré les deux manières poétiques, linéaire et visuelle, passant de l’une à l’autre sans jamais les opposer, revendiquant au contraire l’unité, la cohésion de sa recherche quelle qu’en soit la manière. Les livres le Sable doux et (louanges) en sont l’exemple : spatialisme et linéaire sont un seul et même mouvement poétique.